Généralités : Syndrome de Susac

Généralités
Description de la pathologie
Accès rapide
    Résumé par le Dr Tiphaine GOULENOK (Avril 2024)

    Service de Médecine Interne, Hôpital Bichat, Paris

    Définition

    Le syndrome de Susac est une maladie rare caractérisée par une occlusion des petits vaisseaux du cerveau, de la rétine et de l’oreille interne responsable de micro infarctus multiples. La cause de la maladie est imparfaitement connue, il pourrait s’agir d’une vascularite primitive spécifique de ces trois organes.

    Synonymes

    • Microangiopathie cochléo-encéphalo-rétinienne
    • RED-M (Retinopathy, Encephalopathy, Deafness associated Micro-encephalopathy)
    • Syndrome SICRET (Small Infarcts of Cochlear, Retinal and Encephalic Tissues)
    • Vasculopathie rétino-cochléo-cérébrale

    Épidémiologie

    La prévalence exacte du syndrome de Susac reste inconnue mais il est rapporté moins de 500 cas dans le monde. Dans les rares cas où l’incidence a été estimée, elle varie de 0,024 à 1,2 pour 100 000 habitants.

    Clinique

    Le syndrome de Susac touche essentiellement les femmes, d’âge jeune et se présente classiquement selon une triade pathognomonique qui associe une atteinte cérébrale, ophtalmologique et cochléaire.

    Atteinte neurologique

    Elle est la plus fréquente. Elle survient chez près de 80% des patients au diagnostic, de présentation et de degré très variables. Elle peut se révéler par des céphalées et une encéphalopathie et plus rarement par des déficits neurologiques focaux.  Les présentations pseudo-psychiatriques sont fréquentes.

    Atteinte oculaire

    Elle peut être unilatérale ou bilatérale. Elle se caractérise le plus souvent par une gêne visuelle, une diplopie ou une amputation du champ visuel. Elle peut passer complètement inaperçue par le malade.

    Atteinte cochléaire

    Elle se manifeste par une surdité de perception, à laquelle peut s’associer des acouphènes, des vertiges rotatoires, des troubles de l’équilibre, un nystagmus.

    Diagnostic

    Il n’existe pas de test diagnostique spécifique.

    Les examens nécessaires sont :

    • L’IRM cérébrale avec injection, objective des micro-infarctus multiples, bilatéraux, de petite taille, visibles en hypersignaux T2 et FLAIR, prédominant dans la substance blanche et les noyaux gris centraux. L’atteinte du corps calleux (aspect de « boule de neige ») est pathognomonique du syndrome de Susac et constante dans les formes avec encéphalopathie. L’évolution de ces lésions en hyposignal T1, est également évocatrice.
    • L’analyse du liquide céphalorachidien (en particulier afin d’éliminer tout diagnostic différentiel) révèle souvent une hyperprotéinorachie et une hypercellularité.
    • L’audiométrie objective une surdité de perception prédominant sur les fréquences basses et moyennes.
    • L’examen ophtalmologique: le fond d’œil confirme une ou plusieurs occlusions des branches de l’artère centrale de la rétine qui peuvent être asymptomatiques lorsqu’elles sont très périphériques. L’angiographie rétinienne est un examen clé et montre une fuite du produit de contraste au travers de la paroi artériolaire qui se manifeste par une hyperfluorescence des vaisseaux rétiniens souvent multiple et périphérique (temps tardif).

    Évolution

    L’évolution se fait classiquement par poussées récurrentes de plusieurs jours, entrecoupées de périodes de rémission, pendant plusieurs mois. Cette phase, dite « active », dure en moyenne un à deux ans. Le syndrome de Susac s’éteint généralement après cette période initiale.

    Les séquelles sont variables et dépendent de la gravité initiale. L’atteinte cochléaire peut être responsable d’une perte auditive (nécessitant parfois un appareillage), d’acouphènes et de troubles de l’équilibre. Les séquelles neurologiques occasionnent parfois des troubles de l’attention, des fonctions exécutives et des capacités de mémorisation.

    Prise en charge thérapeutique

    Le traitement repose sur une corticothérapie générale à fortes doses.

    Dans les formes sévères avec encéphalopathie notamment, des immunosuppresseurs (cyclophosphamide, azathioprine, mycophénolate mofétil, rituximab) ou les immunomodulateurs (immunoglobulines par voie intra-veineuse) peuvent être proposés.

    Un anti aggrégant plaquettaire est fréquemment associé.

    La rééducation (motrice, vestibulaire), l’orthophonie, l’appareillage auditif (si nécessaire) sont également des éléments clés de la prise en charge thérapeutique.

    Pour plus d’informations : Robert M Rennebohm, Negar Asdaghi, Sunil Srivastava, Elie Gertner, Guidelines for treatment of Susac syndrome – An update