Généralités : Fièvre Méditerranéenne Familiale

Généralités
Description de la pathologie
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    Résumé par le Pr Sophie GEORGIN-LAVIALLE (Février 2019)

    Service de Médecine Interne, CeRéMAIA, CH Tenon, Paris

     Définition

    • Maladie rare en général, fréquente autour de la Méditerranée
    • Maladie génétique, autosomique récessive
    • Anciennement appelée : maladie périodique

    Épidémiologie

    • 1/200 à 1/1000 dans certaines populations du pourtour méditerranéen, soit environ 100 000 cas au Monde et 5 à 10 000 cas en France
    • Hommes = Femmes
    • Début des symptômes dès l’enfance

    Génétique

    La fièvre méditerranéenne familiale (FMF) est une maladie héréditaire autosomique récessive : le gène muté (MEFV) est situé sur le chromosome 16, il code une protéine appelée pyrine qui est constituante de l’inflammasome pyrine : une structure protéique capable d’activer l’inflammation par certains globules blancs (les monocytes et les macrophages).  La plupart des mutations sont situées dans l’exon 10 du gène, la plus fréquente est la M694V. Lorsqu’un individu est porteur d’un seul gène muté, il est dit hétérozygote et n’exprime habituellement pas la maladie.

    Lorsqu’un individu est porteur de 2 gènes mutés, il est dit homozygote et va exprimer la maladie.

    Il existe un risque sur 4 pour chaque enfant d’un couple d’hétérozygotes d’être homozygote et donc de développer la maladie.

    Dans les pays du pourtour méditerranéen, la fréquence des allèles mutés est importante notamment chez les arméniens, les turcs, les juifs séfarades et les arabes.

    Dans de très rares cas, des patients avec une seule mutation peuvent exprimer la maladie, souvent une forme atténuée.

    Clinique

    La fièvre méditerranéenne familiale évolue par crises qui durent de 24 à 72 heures, de début et de fin brutaux. Le patient est totalement asymptomatique entre les crises, sans séquelles. L’intervalle entre les crises est variable.

    Si la fièvre et les douleurs abdominales sont les symptômes les plus souvent décrits au cours des crises de FMF, d’autres symptômes sont possibles, notamment des douleurs du thorax, des genoux et des œdèmes rouges des chevilles. Les crises sont souvent identiques pour un même individu mais elles peuvent différer au sein d’une famille.

    Les crises sont favorisées par le stress et la fatigue.

    • Fièvre : parfois isolée
    • Douleurs abdominales (>90%) :
      • Diffuses
      • Abdomen pseudo-chirurgical (défense, contracture, abolition des bruits hydroaériques…)
    • Douleurs articulaires (75%) :
      • Monoarthrite du membre inférieur le plus souvent (genoux  et chevilles++)
      • Peuvent être déclenchées par l’effort ou un traumatisme même minime
      • Polyarthralgies et myalgies sont également possibles
    • Sérites :
      • Epanchement pleural (45%)
      • Péricardite (rare)
    • Pseudo-érysipèle de chevilles : assez fréquent dans l’adolescence : rougeur et gonflement des chevilles pouvant en toucher une ou deux à la fois.
    • Myalgies d’effort des membres inférieurs
    • Aphtes buccaux parfois

    Parfois, certaines maladies inflammatoires sont associées comme le psoriasis, les spondyloarthrites.

    Diagnostic

    Il est basé sur des critères cliniques dit de Livneh chez l’adulte et de Yalcinkaya chez l’enfant.

    Il est confirmé par une étude génétique à la recherche de mutation dans l’exon 10  du gène MEFV.

    Évolution

    En cas d’évolution de la FMF sans traitement durant plusieurs années, du fait de l’inflammation chronique non maitrisée, il existe un risque d’apparition d’une amylose AA dont l’expression est surtout rénale.

    Traitement

    • Colchicine :
      • À débuter à  1 mg/j et à adapter à la CRP intercritique et à la persistance ou non des crises. La dose maximale quotidienne est de 2,5 mg/j.
      • Le traitement est à vie
      • Efficace dans plus de 95% des cas (prévient ou atténue les crises)
      • À proposer en première intention
      • Il est habituellement bien toléré
    • Biothérapies
      • À instaurer après avis d’un centre de référence expert (CeRéMAIA ou RAISE)
      • En cas de résistance vraie à la colchicine (situation très rare) qui nécessite de vérifier sa bonne observance
      • Les anti Interleukine 1 sont à priviléger en première intention (anakinra ou canakinumab)
      • Les anti Interleukine 6 en seconde intention

    Il doit s’associer à une gestion des facteurs favorisant les crises notamment gestion du stress, pratique d’une activité physique douce régulière…